La tuberculose

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  • Le jeudi, 04 septembre 2014

LA TUBERCULOSE

 

La tuberculose, un fléau social au début du vingtième siècle : de toutes les maladies humaines, c’est la plus meurtrière.

 

Au début du vingtième siècle, la tuberculose est devenue un fléau social, c’est-à-dire un grand malheur collectif. À Rouen par exemple, vers 1900, cette maladie est celle qui conduit le plus de malades à l’hôpital : un tuberculeux hospitalisé sur trois meurt. Toujours à Rouen, la tuberculose cause un décès sur six en 1904. Les survivants restent souvent très affaiblis toute leur vie, cette maladie est particulièrement grave chez les enfants.

C’est une maladie horrible. Quand les poumons sont gravement atteints, les malades de la tuberculose toussent jusqu’à s’étouffer, ils crachent du sang, ils ont une mort atroce car ils ne peuvent plus respirer correctement. À la fin du XIXe siècle, les médecins découvrent que la tuberculose est due à un microbe : c’est une maladie contagieuse. Les tuberculeux sont alors considérés comme dangereux pour l’ensemble de la société. Il faut isoler les malades.

La lutte contre cette maladie n’est plus seulement alors une question médicale, c’est un problème social.

La tuberculose est une maladie dite sociale pour une autre raison : elle touche plus souvent les pauvres que les riches. Les médecins remarquent à la fin du XIXe siècle que cette maladie est liée aux conditions de vie. Avec l’industrialisation et la concentration des populations dans les grandes villes, les habitants les plus pauvres s’entassent dans des logements souvent trop petits, insalubres et mal aérés. De plus, les familles les plus pauvres ne sont pas toujours bien informées des précautions à prendre. Un effort d’éducation est alors déployé pour préserver au mieux la jeunesse de ce mal qui est alors appelé la « peste blanche ». Faute de traitement efficace une fois que la tuberculose est déclarée, il faut absolument éviter que les enfants soient contaminés.

 Au début du vingtième siècle, la tuberculose est souvent une maladie incurable. Il n’existe pas encore de médicament efficace pour lutter contre la bactérie qui provoque cette maladie  contagieuse. Pour éviter la contamination d’autres personnes, les malades sont enfermés dans un sanatorium. Placés dans un sanatorium, les enfants sont éloignés des parents qui n’ont pas su ou pas pu les protéger. En effet, la pauvreté, une mauvaise alimentation ou un logement malsain augmentent le risque d’être contaminé.

Ces cliniques spécialisées sont souvent installées à la montagne dans l’espoir que l’air pur aide les enfants à guérir. Le traitement médical consiste généralement en une nourriture abondante et des bains de soleil.

Des mesures sociales sont prises pour lutter contre la maladie. En 1919, une loi impose à chaque département français la création d’un dispensaire d’hygiène sociale et de préservation antituberculeuse. Il y a donc création d’une infrastructure de santé pour assurer un suivi social.

 

 Au vingtième siècle, la science a permis des progrès considérables dans le traitement de cette maladie.

 

Au cours du vingtième siècle, les progrès de la physique, de la biologie et de la chimie ont permis de sauver de nombreux malades de la tuberculose.

 

Les débuts de l’imagerie médicale.

 

La scientifique Marie Curie est un des pionniers de la physique moderne, elle reçoit deux prix Nobel pour ses travaux sur la radioactivité. Pendant la Première Guerre mondiale, elle se porte volontaire pour conduire une ambulance radiologique : les rayons X permettent de mieux voir l’intérieur du corps humain. La radiographie permet de vérifier si les poumons ont été atteints par la tuberculose. La mère de Marie Curie était morte de la tuberculose.

 

La mise au point du vaccin B.C.G.

 

Les biologistes français Calmette et Guérin réussissent à mettre au point dans les années 1920 un vaccin préventif contre la tuberculose. L’image ci-dessous montre des chercheurs de l’institut Pasteur dans leur laboratoire : ils cultivent pendant des années le microbe de la tuberculose pour qu’il s’affaiblisse et qu’il devienne moins dangereux. Les enfants vaccinés avec ce microbe atténué sont moins en danger quand ils sont, par la suite, en contact avec la maladie. Ce vaccin n’est pas utilisé pour guérir des personnes déjà malades. Il réduit la mortalité chez les enfants vaccinés quand ils sont contaminés, il les protège alors contre les conséquences les plus graves de la maladie.

 

Le vaccin B.C.G a été obligatoire en France pour tous les enfants entre 1950 et 2007

les parents n’avaient pas le choix. Cette politique sanitaire contraignante était aussi une réponse sociale pour lutter contre la maladie.

 

Depuis l’Antiquité, la tuberculose a toujours fait dans le monde d’importants ravages. Elle a représenté un des fléaux les plus redoutés. Pendant longtemps, les connaissances sur ce fléau n’avaient fait que peu de progrès.

Après la découverte du microbe de la tuberculose à la fin du XIXe siècle, les progrès furent plus rapides. On vit successivement la découverte des rayons X 1, l’importance accordée à la notion de contagion, la nécessité de séparer les enfants sains de tout contact avec les malades, la découverte du vaccin BCG. Mais on ne connaissait aucun médicament capable de combattre directement la maladie.

Il fallut attendre 1944 pour voir apparaître la streptomycine, l’antibiotique auquel viendront s’ajouter deux antibiotiques synthétiques. C’est alors qu’une baisse spectaculaire des taux de mortalité par tuberculose a été signalée dans tous les pays du monde. En France le taux annuel de mortalité par tuberculose est passé de 200 pour 100 000 habitants en 1900 à 147 en 1920, 158 en 1930, 111 en 1945, 58 en 1950 et 22 en 1960 2.

Ces résultats magnifiques signifient-ils que la tuberculose est devenue en France une maladie du passé, qu’elle ne représente plus un fléau social contre lequel d’importants efforts sanitaires et sociaux 3 doivent être dirigés ? NON. La presse a parlé de miracle et répandu dans le public l’idée que la tuberculose était vaincue, ce qui est loin de la vérité. Ce qui a disparu ce n’est pas la tuberculose, c’est la peur de la tuberculose. L’image mentale que nous nous faisions de la tuberculose il y a quelques décennies était toujours accompagnée d’inquiétude, d’anxiété, d’angoisse. Aujourd’hui, elle est bien différente : on redoute moins cette maladie.

Il y a défaillance 4 dans l’organisation de la recherche scientifique. Nous ne sommes plus à l’époque où les découvertes pouvaient naître dans des laboratoires médiocrement installés et où seul suffisait le génie isolé d’un chercheur. Actuellement la recherche scientifique exige, en dehors de l’imagination et des efforts d’un homme, de puissants moyens matériels et un travail d’équipe. Notre équipement en centres de recherches est encore médiocre. Si nous avons eu ces dernières années un certain nombre de prix Nobel en littérature, nous n’en avons pas eu un seul dans le domaine scientifique.

La tuberculose reste encore dans le monde une des causes principales de souffrances et de misères. Il est inexact de penser que notre continent est à l’abri du danger 5.

D’après le Docteur Berthet, « La tuberculose est-elle encore de nos jours un fléau social ? », revue Esprit, 1963.

 

1. Les rayons X sont les radiations qui permettent de réaliser des radiographies.

2. En 2002, il y a eu en France 650 morts à cause de la tuberculose, soit environ 1 mort pour 100.000

habitants.

3. Les efforts sanitaires et sociaux : les efforts pour les traitements médicaux et pour la prévention.

4. Une défaillance est un défaut.

5. Comme le savait déjà le Docteur Berthet en 1963, des cas de tuberculose résistants aux antibiotiques sont

apparus. Ils sont difficiles à soigner. Pourtant, de nos jours, de nombreux dispensaires gratuits ont été fermés

car il y a moins de tuberculeux. La maladie touche en priorité les populations les plus défavorisées.

 

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